Merci pour les roses, merci pour les épines.
C'est une manière poétique de commencer, pour évoquer la non dualité. L'unité. J'aimerais que mes mots soient porteurs de cette foi qui m'habite désormais, celle qui dit que tout est juste malgré les apparentes difficultés et les obstacles à dépasser.
Le diagnostic
J'avais 23 ans quand on me diagnostiqua un cancer de stade 2 du sein droit. Et si quelqu'un m'avait soufflé ce jour là que 5 ans plus tard je dirais "Merci" à cette maladie de m'avoir enseigné, reconnecté, confronté à ma nature profonde et puissante, je crois que je n'aurais pas pu le croire, l'entendre ou l'accepter.
La première chose que j'ai fait après avoir obtenu le résultat de la biopsie, c'est d'appeler mon ex conjoint. J'ai éclaté en sanglots et articulé péniblement : « J'ai un cancer du sein ». Nous étions jeunes, il était maladroit, et la première réponse qu'il m'a donné est probablement en partie responsable d'une grande partie des choix qui ont suivi.
Il m'a dit « Qu'est-ce que tu veux je fasse ? ».
Ça paraît un peu brut de décoffrage, mais c'était tellement réel. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ?! C'était mon corps, ma vie. Et c'était donc MA responsabilité. Cette responsabilité qui terrorise, mais qui fait infiniment grandir.
La première nuit, j'ai pleuré des heures entières. Et non parce que j'avais un cancer, mais parce que j'avais 23 ans, que je vivais à travers mon apparence, et que les deux seules choses qui me terrorisaient étaient alors de perdre mes cheveux et un sein.
C'était tout bonnement inenvisageable, inconcevable, j'étais née femme et mes cheveux et mes seins étaient ce qui me permettait de m'identifier à ce sexe que la nature m'a donné.
Tout un contexte et une prise de décision importante : ne rien dire
Pour vous parlez du contexte, quelques années auparavant, ma maman avait perdu sa petite sœur à l'âge de 34 ans d'un cancer du sein qui avait fini par se généraliser. Cela faisait donc plusieurs années que les médecins nous avertissaient d'une prédisposition familiale possible. On avait semé en moi des graines de peur.
Il m'a fallut plusieurs semaines de silence, de nuits rythmées par les pleurs et la terreur, pour choisir ce que je devais faire, choisir de ne rien dire, car l'extérioriser me nuirait plus que cela ne me servirait. Je n'avais pas la force de voir les gens qui m'aimaient me regarder avec pitié et angoisse permanente.
J'allais devoir me battre pour faire entendre que je ne voulais rien faire à l'hôpital. Parce que j'avais déjà choisi. Pas mes cheveux, pas mes seins, on ne m'enlèvera rien. D'aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais été habitée par la peur de la mort.
Ce cancer sonnait plus comme un « Si je dois mourir, avant je dois vivre».
J'avais déjà quitté le système, j'avais déjà arrêté de faire de l'argent une priorité, j'avais déjà balancé 23 kilos de fringues dans une valise pour 6 mois de voyage en terre inconnue. J'étais déjà vivante, aventurière et rebelle. Je faisais déjà partie de ces âmes qui dévorent la vie.
Ce que je pense être le co-facteur émotionnel de mon cancer du sein
Mais entre temps j'étais tombée éperdument amoureuse, je m'étais oubliée au profit d'un binôme. Et dans la passion, notre inconscience nous avait amené à deux reprises en l'espace de 6 mois devant un test de grossesse positif.
La jeunesse, la bêtise, l'imprudence, dans tout les cas toutes intra liéés à ma destinée.
Quelques années après j'entendrais parler de l'approche psychosomatique des maux du corps humain. Le sein, c'est le symbolisme pur de la femme, mais aussi le lien fillial, le lien d'un enfant à sa mère. Le psychosomatique, c'est une approche qui dit que le corps n'est pas un ennemi, mais qu'il est une langue à déchiffrer, à apprivoiser. Que les émotions enfouies, non digérées, finissent par s'exprimer par la maladie.
Le "mal a dit" chuchote le langage des oiseaux.
J'avais effectivement refoulé ces deux avortements, comme des évènements sans conséquence. J'ai tenté d'étouffer, de banaliser. J'ai catégoriquement refusé le soutien psychologique par pudeur, par fierté démesurée. Aussi par manque de légitimité, car au moment du deuxième avortement mon conjoint enterrait son grand père et je ne me pensais pas légitime d'écouter mes émotions, à propos de ces bébés jamais nés.
L'émotion la plus ingérée fut la culpabilité. Je me disais qu'en empêchant la vie, c'était un peu comme donner la mort. C'est un droit aujourd'hui, et c'est un acte médical presque banal. Mais pour mon corps, pour mon coeur, pour mon âme, ces expériences de vie ont été des traumatismes refoulés, qui aujourd'hui dans ma croyance sont co-responsables de mon cancer du sein.
J'insiste sur la Co-responsabilité.
L'équilibre de la santé et la vision holistique
Si dorénavant j'essaye de ne plus m'enfermer dans des certitudes, je suis presque certaine que la santé est un équilibre à trouver aussi bien dans notre hygiène physique que notre hygiène émotionnelle : le corps, l'âme et l'esprit. Donc si déséquilibre il y a, il me semble logique de s'intéresser, soulever, questionner, nettoyer, libérer, ces trois prismes qui nous co-définissent.
Après le choc du diagnostic, la mise en action
Les deux premières années post-diagnostique, j'ai tout quitté. La France, mes amis, ma famille.
Le décalage horaire a facilité le processus d'éloignement. Je ne mentais pas, mais je ne parlais pas pour autant. Le voyage me permettait d'occulter. J'ai continué de m'immerger dans des familles dans le monde entier, en tant que jeune fille au pair. Tous ces enfants ont été mes plus grands médicaments.
Joie quasi permanente, insouciance rayonnante, j'occultais, j'entrais dans un semi déni. A moitié, parce qu'une fois la porte de ma chambre refermée, les démons revenaient, je continuais de pleurer, ça m'aidait. Et puis la chercheuse reprenait son enquête là où elle l'avait laissé la veille.
Pourquoi ? Comment ? Qu'est ce que c'est ?
J'avais besoin de comprendre. J'étais une cartésienne, je ne croyais pas en grand chose, je naviguais dans des croyances limitantes, et plus je lisais, plus j'écoutais les témoignages, les gens parler, plus au fond de moi quelque chose s'agitait, tremblait, vibrait, et me poussait à chercher encore plus.
L'alimentation
Terre à terre, la première année a été consacrée à la déconstruction de tout ce que je savais sur l'alimentation.
Adolescente boulimique, hypersensible en compensation alimentaire, j'avais toujours eu un rapport à la nourriture et à mon corps désastreux.
L'alimentation vivante a probablement joué un rôle prédominant dans l'activation de ma capacité d'auto-guérison.
Ce que j'appelle capacité d'auto guérison, on peut aussi l'appeler, l'auto régénération.
Ça pourrait se limiter à une croyance, mais ce n'est pas le cas. L'auto régénération est un fait, que tout être humain est apte à constater. Si je m'entaille avec la lame d'un couteau, alors l'épiderme de ma peau n'attendra pas que je sois consciente, ou que je mette des choses en place pour cicatriser, pour s'auto régénérer. Pour s'auto guérir.
Auto, comme autonomie. Avec cette réalité, je mettais le doigt sur un fait.
Sortir de mes croyances et découvrir une réalité différente
La croyance, elle, est dans la mesure. Je ne pense pas être née avec l'idée que l'on puisse laisser le corps être autonome dans sa guérison, et encore moins quand il s'agit du mot "cancer". J'aimerais tant qu'on arrête de diaboliser ce processus naturel. Aujourd'hui, je sais que le cancer ne s'attrape pas, il se développe, et si il le fait, c'est qu'il a ses raisons, que bien souvent la raison ignore. Je suis issue de cette génération qui a appris à résoudre la plupart de ses maux grâce à la médicamentation allopathique chimique, dans cette vision limitée : un symptôme = un médicament ou un processus "anti" sans aucune conscience de l'importance de l'hygiène de vie.
Durant ces 5 dernières années, j'ai eu sur mon chemin des clés éparpillées. Des rencontres, des thérapeutes, des naturopathes, des témoins courageux, qui se présentaient à moi pour raconter. Ces personnes m'ont enseigné “l'éternelle remise en question” de mes croyances.
Qu'est ce que je crois ?
Pourquoi je le crois ?
Parce qu'on me l'a appris ?
Ou parce que je l'ai expérimenté ?
Pourquoi je mange ? La découverte du jeûne !
Ressenti dans mon corps, vécu dans mon esprit, elle a toujours été la MA Vérité. Pas celle des livres de l'éducation nationale, pas celle d'un texte religieux, pas celle d'une croyance générale et limitante. La mienne.
La première croyance que le cancer m'a amené à déconstruire « Pourquoi je mange ? ».
Je suis française, donc la réponse première c'est inévitablement pour le plaisir. La deuxième c'est celle qu'on voit défilé sur les bandeaux publicitaires « pour avoir de l'énergie ».
Ce n'est pas une donnée anodine, j'ai grandi avec l'idée limitante et erronée que mon corps était dépendant de la nourriture pour AVOIR de l'énergie. Puis un jour j'ai rencontré, un homme, qui dans sa posture m'inspirait la Santé. Tout chez lui transpirait le bien être. Il m'a demandé, pourquoi tu manges Julie ?
Ça m'a pris 6 mois pour comprendre, apprendre et expérimenter l'outil numéro 1 de ma guérison (si je dois hiérarchiser alors sans hésiter c'est lui, le premier, le plus puissant) : LE JEÛNE.
Ça demande un cadre, un environnement, une force mentale hors du commun, le courage de vouloir déconstruire ce qu'on t'as inculqué. Mais c'est une réalité que l'Occident a oublié au nom du profit et du gain de temps.
Le jeûne, c'est s'abstenir de manger, pour laisser le corps se reconnecter à son énergie vitale, celle qui est la de ton premier cri à ton dernier soupir. Cette énergie qui habite toute chose vivante de ce monde. Celle qui n'a pas besoin d'extérieur pour faire ce qu'elle fait de mieux. Revenir à son état d'origine, sa puissance a l'état brut. L'énergie curatrice N'A AUCUNE LIMITE, si ce n'est celle que ta tête lui impose.
J'ai pleuré, beaucoup pleuré, d'un sentiment d'humiliation profond. On m'avait donc enseigné des concepts erronés, et pire que faux ils étaient à l'opposé de mon fonctionnement naturel. Et pourtant j'y croyais dur comme fer.
Merci au mal qui a dit
Et c'est la raison principale qui aujourd'hui me fait dire merci au cancer, merci aux symptômes. Merci parce que sans toi, peut être qu'aujourd'hui mes croyances seraient les mêmes qu'il y a 5 ans. Je prendrais toujours des anti douleurs au moindre problème, je me jetterais toujours sur la nourriture pour compenser mes ingérences émotionnelles, je n'aurais pas pu aligner ma vie et mon environnement à mon être profond. Grâce à toi j'ai dû tout déconstruire, pour mieux reconstruire.
C'est ce que sont nos croyances, des constructions.
Le bien, le mal, le vrai, le faux, le laid, le beau. Tout ça, on me l'avait appris, et même si c'était un parcours du combattant de détruire cet immense château de convictions. Rebâtir a été une partie de plaisir. C'est la joie et la paix qui se sont associées pour recréer dans mon esprit, et cette fois, sans limite. C'est pour ça que je tiens à le dire, ce sont aujourd'hui MES croyances. Elles ne sont pas à l'abris de s'effondrer à leur tour dans quelques années, pour laisser la place à une nouvelles visions des choses, encore.
Ma pratique du jeûne
J'ai commencé par jeûner, quelques heures, puis les heures sont devenus des jours, jusqu'à devenir une semaine, tout les trimestres. Durant la première année, à chaque jeûne, je palpais mon sein droit en permanence, en inconscience je me surprends encore parfois à le faire. Je la sentais diminuer sous mes doigts, cette petite boule anxiogène, c'était surréaliste.
En l'écrivant, il m'est difficile de retenir les même larmes qui m'ont accompagné à chaque fois que je le constatais. Comme une herboriste qui cherche à créer un antidote, à chaque fois que je me levais le ventre vide mais le cœur plein, je réalisais que j'avais mis le doigt sur un remède miraculeux. Parce que gratuit.
J'ai dû m'armer d'argumentation(s) pour prouver mes conscientisations. Et puis j'ai arrêté, parce qu'aujourd'hui je sais. Si tu ressens mes mots, alors peut être que leurs vibrations t'appellent, t'appaisent, te stimulent assez pour que tu continues à creuser et à chercher ta vérité.
Comme une thérapie bien méritée, je me suis fait tatoué sous le sein « CERCA TROVA». Cherche et trouve.
Quand j'ai quitté la France sans me retourner, j'ai utilisé la distance comme excuse pour ne plus jamais mettre les pieds dans un hôpital. Je ne voulais plus chercher.
Jusqu'à il y a encore un an j'avais encore trop peur de me confronter à ce que la médecine pourrait trouver. Même si j'avais développé une écoute corporelle inouïe, et que j'étais persuadée de ma guérison, je fuyais, c'est une relation qui m'a permis de sauter dans le vide à nouveau.
Mon conjoint m'a dit : "mais si tu es certaine que c'est terminé, pourquoi tu vas pas faire contrôler ?"
L'égo apeuré avait besoin de rétorquer : " parce que j'ai pas besoin que quelqu'un me dise comment je vais. C'est moi qui suit à l'intérieur de mon corps et je le sais ". En vrai, j'étais toujours terrorisée, cette odeur d'aseptisant dans le nez, ces couloirs blancs et ces appareils de contrôles, ça me donnait la nausée.
J'ai mis deux ans à le dire a mes parents. Un an de plus pour le communiquer sur les réseaux sociaux. J'ai aussi appris à danser avec ma vulnérabilité durant ses 5 dernières années. Et en 2021, mon frère m'a emmené passer une mammographie.
« Tout va très bien mademoiselle »
Et cette enveloppe dans la main, comme le Graal tant mérité. Tant espéré. Un micro kyste bénin, c'est tout ce qu'ils ont trouvé dans mon sein. Je le savais. Je le sentais. La médecine l'a confirmé.
Je suis guérie.
Guai-Rire, plutôt que Soi-nier.
Ah ce langage des oiseaux, SOIGNER, se nier soi même, Guérir, par l'amour et la gaieté. Je suis habitée par la fierté. Ça va donc faire un an, un an que la médecine a confirmé que tout ce que j'ai mis en place dans les 5 dernières années a fonctionné.
Le jeûne, l'alimentation vivante, la méditation, le yoga, la libération de mes émotions refoulées et mon écoute intérieure ont été les outils de ma thérapie. Je pourrais vous parler d'eux des heures durant, vous conter comment ils sont arrivés dans ma vie, comment je les ai apprivoisé et comment je me suis retrouvée à travers ce parcours vallonné. Je pourrais, mais ce n'est pas le but de ces mots. Je voudrais simplement incarner cette lumière au bout du tunnel, cette voix dans l'obscurité qui te hurle « Tu peux y arriver ».
Ma vérité n'est pas LA vérité. Mais j'espère de tout mon coeur que ces mots pourront aider d'autres personnes à chercher et à trouver LEUR VÉRITÉ. Dans tout cela je ne peux pas oublier de préciser que j'ai été, et que je suis toujours, accompagnée par des thérapeutes, des énergéticiens, des naturopathes. Et que j'ai aussi dû apprendre a dire « J'ai besoin d'aide » sans en avoir honte. C'est aussi ça la magie de notre humanité, nos différences, nos nuances, pour pouvoir tour à tour se soutenir, se tenir la main, s'entraider, avancer. Je crois que la guérison individuelle est une guérison collective quelque part. Alors j'espère qu'avec ce texte, je nous ai aidé, encore un peu, à avancer vers la paix, et la liberté.
Article écrit par Julie Paya.
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