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« Dormir 6h, moi, ça me suffit », le temps de sommeil est-il un enjeu de santé pour tous ?

Dernière mise à jour : 18 déc. 2021



Voilà quelque chose que l’on entend très souvent aujourd’hui. Avec certitude, une pleine franchise et sans une once de fatigue à déclarer, à croire que nous nous situons tous à différentes distances sur l’échelle du sommeil réparateur.


Mais en est-on vraiment sûr ? Avons-nous des besoins aussi variés en sommeil ? Et sommes-nous certains de pouvoir jauger notre repos de façon objective ? Nous le savons, le cerveau est truffé de bugs. On appelle cela des biais cognitifs et nous en avons aujourd’hui dénombré des centaines.


Comment être sûrs que nos impressions traduisent une réalité physiologique fiable et non une erreur de logique ou de perception ?

Et ce n’est pas tout. Poussons la réflexion un cran plus loin. Les heures de sommeil se valent-elles en terme de repos et d’importance ? C’est la fameuse question du 1 = 1 : et si notre première heure de repos n’avait rien à voir avec la sixième ou la huitième ?

Pour répondre à ces questions, dressons le portrait d’une nuit de sommeil idéale et partons à la chasse aux réponses. Quelle est la différence entre une nuit de six heures et une nuit de huit heures ? Sommes-nous à même d’estimer correctement notre niveau de fatigue ?


Détecte-t-on efficacement la fatigue ?


Commençons par questionner cette sensation d’être reposé et de ne pas avoir besoin de dormir plus de six heures. Si cette interrogation peut paraître idiote de prime abord, il ne suffit que d’une poignée de rapports scientifiques pour en douter. En effet, la rengaine de nombreux spécialistes du sommeil est la suivante :


« On ne sait jamais à quel point on manque de sommeil lorsque l’on manque de sommeil ».

Nous serions donc absolument aveugles quant à notre charge de fatigue réelle ? C’est exactement ça ! Et c’est une vérité soutenue par une foule d’études menées sur l’auto-évaluation de la fatigue. Dans son excellent ouvrage « Pourquoi nous dormons », Matthew Walker fait état de ce piège sournois et conforte par la suite, comme nous allons le voir, l’intérêt d’un temps de sommeil revu à la hausse.

Photo : Matthew Walker, professeur en neuroscience.


Anatomie d’une nuit de sommeil


Nous ne parvenons pas à évaluer correctement notre fatigue lorsque nous en sommes victimes, et nous en avons la preuve. Occupons-nous maintenant de savoir ce qui sépare réellement une nuit de six heures de sommeil d’une nuit de huit heures.


Là encore, le problème semble simple à régler : la différence, c’est un déficit de deux heures de moins, ou encore un quart du temps de sommeil, soit 25%... Et bien pas que ! Pour le comprendre, parlons un peu de la structure de notre sommeil.


Comme vous l’avez sans doute déjà entendu ou lu, notre sommeil fonctionne en cycles de plus ou moins 90 minutes. Ils sont composés de deux phases distinctes : le sommeil lent (lui-même composé de deux phases à savoir le sommeil lent léger et le sommeil lent profond) et le sommeil paradoxal.


Quoi qu’il arrive, ces cycles ne changeront pas en durée, le premier comme le quatrième fera plus ou moins 90 minutes. Mais ce qu’il faut savoir, la nuance qui change tout et qui va très franchement tailler en pièces la fameuse nuit de six heures à même de pleinement nous reposer, c’est que les durées des différentes phases de notre cycle de sommeil sont évolutives.


Concrètement ? Durant nos premiers cycles de sommeil, le sommeil lent occupe une très grande partie de son temps total. La part de sommeil paradoxal est donc très faible et va évoluer au fil des cycles jusqu’à s’allonger considérablement.


Résultat, les derniers cycles de notre nuit de sommeil sont très denses en sommeil paradoxal et si dormir six heures au lieu de huit heures revient à première vue à ne dormir que deux heures de moins (25% de moins), au regard de ce que nous venons d’étudier, cela se traduit en réalité par un déficit de 60 à 90% de sommeil paradoxal !


Un gouffre béant pour cette phase du sommeil dont le manque ne tardera pas à s'accompagner de troubles certains. Pour rappel, le sommeil est le seul interrupteur du corps humain ayant un impact sur absolument tous les autres mécanismes en ligne directe. En le déréglant, c’est toute la machine que l’on perturbe.


Et c’est un interrupteur très sensible ! Pour s’en rendre compte, j’aime beaucoup citer cette gigantesque méta-analyse (une étude analysant les résultats de plusieurs études indépendantes sur un même sujet) sur les effets du changement d’heure dont Matthew Walker rapporte les résultats dans son dernier ouvrage.


En mars, lorsque le changement d’heure nous fait « perdre une heure de sommeil », nous avons effectivement tendance à tous dormir moins qu’à l’accoutumée et cette petite différence se traduit par d’incroyables et terrifiants pics d’attaques cardiaques ou encore d’accidents de la route (majoritairement rattachés à des micro-sommeils et des chutes d’attentions). Et ce phénomène s’inverse lors du changement d’heure d’octobre !

Voilà qui nous montre à quel point notre cerveau comme notre cœur, avec l’ensemble des organes et mécanismes du corps humain, sont sensibles au sommeil.


Le sommeil, cet incompressible absolu


Pendant très longtemps, nous avons considéré l’alimentation et l’exercice physique comme les deux grands piliers de la santé. Puis, par la suite et au fil des découvertes, nous avons placé le sommeil comme un troisième pilier. Aujourd’hui, nos recherches ne nous amènent plus à le concevoir comme un pilier mais comme le socle sur lequel reposent nos deux piliers.

Une vision très parlante bien qu’un brin lacunaire tant l’aspect psychologique et social semblent totalement délaissés… Ou pas ! Le sommeil se fait le garant de notre stabilité mentale et psychologique, aussi tout travail de gestion du stress, des traumas ou de quelconques obstacles de l’esprit commence par un sommeil régulier et restauré.


En un mot ?


Dormez. Dormez bien, mettez votre sommeil au centre de vos priorités, perfectionnez vos nuits, faites vous le grand défenseur de ce temple de la pleine santé. Restez curieux et curieuses, questionnez vos mauvaises nuits, testez, cherchez, explorez et garantissez vos huit heures chaque nuit.

 

Article écrit par Rémi Barbier, rédacteur chez juste Naturo, ancien libraire et chef cuisine de la Bell School de Cambridge, blogueur santé chez Yogi Lab et coach nutrition chez Coaching fruité. Formé en nutrition en Angleterre et en Neuroscience en France à l'ARCHE, ce passionné de la santé vous en décrypte les mécanismes avec intelligence et pédagogie.


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